Le village olympique de Munich endeuillé, c'était voici 50 ans


Alors que la France prépare le grand rendez-vous mondial de Paris en 2024, nous avons pensé que l'histoire étant un perpétuel recommencement, voici exactement un demi siècle, les Jeux Olympiques de Munich ont été marqués par des drames épouvantables.

Le village olympique qui est un lieu sacré par définition, avait été investi par des révolutionnaires palestiniens et il y eut des morts du côté de la délégation israélienne.

Nous allons consacrer plusieurs articles à ces Jeux de 1972 qui resteront éternellement et tristement dans l'Histoire du sport mondial.

Nous aurons aussi l'occasion d'évoquer le comportement de deux athlètes de la Somme qui avaient participé aux Jeux, un cycliste Henri Paul Fin aujourd'hui maire de Saint Fuscien et le hockeyeur sur gazon Marc Chapon licencié alors à l'Amiens SC.

Mais revenons quelques jours avant l'ouverture des Jeux de Munich.

Juste avant les épreuves, des élections vont avoir lieu car il s'agit de désigner qui sera le successeur de l'actuel président Avery Brundage en place depuis des années.

Il y a deux candidats en lice: le comte Jean de Beaumont qui est le représentant de la France.

Deux ans auparavant, Jean de Beaumont était venu en personne à Poix de Picardie pour ce qui restera comme la première vraie Journée Olympique dans la région.

Le deuxième candidat est l'Irlandais lord Killanin.

Les pronostics vont bon train. Jean de Beaumont a de grosses chances cette élection est mise en sommeil en raison d'une décision qui dépasse largement le plan sportif.

En effet, quelques jours avant la cérémonie d'ouverture, la politique fait son entrée. Le C I O (Comité International Olympique) décide en effet au cours de son assemblée générale, d'exclure la Rhodésie.

Le vote est très serré puisque lors de cette assemblée générale du CIO, 36 voix se prononcent pour l'exclusion de la Rhodésie contre 31 et trois abstentions.

On le voit, ce vote aura des conséquences et nul ne peut affirmer que les attentats qui suivront dans le cadre même du village olympique, sont reliés ou non à ce vote.

Du coup, 47 athlètes rhodésiens qui étaient déjà sur place doivent quitter le village olympique car en cas contraire, de nombreux pays auraient boycotté ces Jeux.

Il est admis que ce vote contre la Rhodésie est surtout une défaite de l'olympisme.

C'est grave mais pour l'heure, les compétitions sont sauvées et auront bien lieu.

Le journaliste de l'Equipe Edouard Seidler écrit dans l'Equipe du 23 août 1972:

"On peut trouver bonne ou mauvaise cette décision.

On peut la juger opportune ou maladroite. Mais elle affaiblit l'olympisme dans son ensemble.

Désormais des groupes de pression politique pourront toujours trouver une tribune propre à faire valoir d'autres points de vue que ceux du sport".

L'histoire se renouvellera et pas plus tard qu'à Moscou en 1980 et aussi 1984.

Au moment où les athlètes rhodésiens quittent le village olympique, de Munich, les Français sont encore à Paris et s'apprêtent à rejoindre Munich. On est inquiet au niveau de l'athlétisme pour Guy Drut qui est blessé et n'est pas certain de participer au 110m haies.

Enfin, certains membres du CIO imaginent qu'on puisse prochainement organiser des Jeux open, c'est à dire des Jeux ouverts aux amateurs et aux professionnels. Mais aussi des Jeux ouverts à tous, sans distinction de race, d'origine et de croyance.

Edouard Seidler conclut son article:

"Utopie? Vaine espérance? Evitons le pire s'il en est encore temps".

 

Un Irlandais Lord Killanin succède à un Américain Avery Brundage à la tête du C I O


Précédemment, nous avons évoqué ce vote des membres du C I O, réunis en assemblée générale et qui avaient, à une courte majorité, décidé d'exclure des JO les athlètes de Rhodésie.

Une décision vraiment exceptionnelle et qui hélas, indiquait que la politique serait désormais quasi présente dans le monde olympique.

Dans l'Equipe, Gaston Meyer, le pape de l'athlétisme, écrivait :

"On peut hélas le dire que le mardi 22 août 1972, marque à nos yeux, la date du commencement de la fin de l'olympisme".

Au lendemain de cette éviction de la Rhodésie, le C I O se réunissait à nouveau afin de désigner un successeur à l'Américain Avery Brundage (85 ans) et qui était en place depuis vingt ans.

Avery Brundage restera le dernier président du C I O attaché à des valeurs olympiques , celles du Baron Pierre de Coubertin du début de siècle: à savoir un amateurisme pur et intégral.

Malheur à l'athlète qui oserait aller à l'encontre de ces règles.

Ainsi par exemple, l'athlète et spécialiste du sprint, futur Ministre sous l'ère François Mitterrand Roger Bambuck était menacé de disqualification par sa Fédération s'il acceptait par exemple d'être commentateur d'une radio périphérique durant la période des Jeux.

Le mercredi 23 août 1973, la journée est néfaste pour le sport français.

En effet, alors que le comte Jean de Beaumont paraissait devoir s'imposer c'est au contraire l' Irlandais lord Killanin qui est élu avec 39 voix contre 29.

Depuis 1896, Lord Killanin n'est que le 6e président du C I O.

Dommage pour Jean de Beaumont à qui les voix des délégués des pays de l'Est, ont beaucoup manqué..

Dans son édito du lendemain dans l'Equipe, Edouard Seidler évoque certains entretiens qu'il avait eus avec Avery Brundage un homme intraitable mais aussi exemplaire et hors du commun.

"J'aurais certes aimé être plus populaire, avait déclaré l'Américain.. Mais la défense d'un idéal est plus important que la popularité. Le plus beau est d'être impopulaire et de gagner.

L'olympisme est une entreprise idéaliste.

C'est parce que le monde est imparfait qu'il a besoin à plus forte raison, d'un idéal."

Quant à lord Killanin, on apprenait qu'il avait été élu membre du C I O en 1952, qu'il avait été journaliste et surtout il était le premier Britannique à occuper cette fonction au C I O.

Alors que la cérémonie d'ouverture approchait, on notait l'arrivée à Munich de Tarzan, l'immense champion olympique de natation des J O de Paris en 1924 Johnny Weismuller.

Présente également la célèbre cameraman Leni Riefenstahl qui avait en 1936 réussi un film extraordinaire sur les J O de Berlin en photographiant notamment Hitler.

"Et si on parlait enfin de Sport" titrait l'Equipe. Nos athlètes samariens Henri Paul Fin et Marc Chapon allaient bientôt entrer en action.

C'était il y a 50 ans, les J O de Munich

"La France n'est pas un pays en voie de développement au plan sportif"


Nous entamons aujourd'hui le troisième volet consacré aux J O de Munich avec à l'ordre du jour: le sport à l'école. Sujet important et qui du reste est toujours d'actualité.

Dans son édition du samedi 26 aout 1972, le journal l'Equipe ouvre sa Une sur la cérémonie d'ouverture des JO de Munich qui voient la participation de 8500 athlètes représentant 130 pays et qui vont lutter pour décrocher 1109 médailles.

Nous sommes au lendemain de l'élection du nouveau président du CIO l'Irlandais lord Killanin qui succède à l'Américain Avery Brundage.

Tous les éditorialistes espèrent que ces Jeux seront marqués du sceau de la paix car personne n'a oublié que Munich a été le prélude à la deuxième guerre mondiale avec ce rendez-vous manqué des grands chefs d'Etat.

A cette époque, la télévision commence vraiment à s'installer dans les foyers et cette cérémonie d'ouverture sera suivie par un milliard de téléspectateurs.

Il est aussi question de l'état physique de certains des athlètes français qui sont blessés tels Sylvie Telliez, François Tracanelli et Jack Pani.

Le drapeau français est porté par l'escrimeur Jean-Claude Magnan qui se dit très honoré et considère que pour un sportif, c'est la plus belle récompense qui puisse exister.

Toutefois et avant qu'hélas, ces Jeux ne soient martyrisés, le sujet principal évoqué dans l'Equipe est le suivant: le sport à l'école. Vieux serpent de mer qui est toujours à l'ordre du jour puisqu'on l'a noté l'an dernier quand le capitaine de l'équipe de France de basket Fournier a reproché ses déclarations au Ministre des Sports de l'époque qui, avec un certain sang froid, avait déclaré que les médailles glanées à Tokyo étaient dues au sport pratiqué à l'école en rendant hommage aux enseignants.

Avant les Jeux de 1972, le Colonel Crespin Directeur des Sports et Joseph Comiti, Secrétaire d'Etat aux Sports avaient été interrogés par la télévision.

Tous deux avaient admis qu'en dépit des efforts fournis, il restait beaucoup à faire.

"Nous ne sommes pas tout à fait un pays sous-développé en matière sportive mais nous ne sommes pas non plus évolué. Disons que sur le sport, nous sommes un pays en voie de développement".

Un aveu qui en disait long sur les mentalités de cette époque.

Joseph Comiti poursuivait: "la mécanisation de la vie quotidienne réduit le goût de l'effort physique".

Nous sommes éberlués même si à cette époque ces propos n'avaient guère surpris l'opinion. Et Comiti de conclure " qu'il fallait privilégier la priorité scolaire".

Le journaliste Edouard Seidler n'hésitait pas et il ajoutait "qu'il y avait une vraie indigence sportive française."

Mettez vous à la place des 250 athlètes français qui étaient présents à Munich et qui étaient confrontés avec un pessimisme ambiant.

Edouard Seidler concluait de cette façon:

"Puisse l'opinion ne pas oublier que le procès de l'éducation sportive française est ouvert et le restera tant que la France n'aura pas résolu d'être une nation sportive à l'école, à l'usine et sur le stade et pas seulement devant les écrans de télévision".

Les mentalités ont-elles vraiment changé?

Vous ne pensez pas que cinquante ans plus tard que beaucoup de choses ont évoluées chez nous?

 

Henri-Paul Fin « Je ressens toujours les mêmes frissons »

Quand il a participé aux Jeux Olympiques de Munich en 1972, Henri-Paul Fin n'était pas encore Picard. Il était alors licencié au club de la Pédale madeleinoise dans le Nord et c'est bien plus tard, qu'il viendra se fixer dans notre département.

Sa sélection aux Jeux de Munich, Henri-Paul Fin excellent spécialiste de l'effort solitaire, l'avait obtenue grâce au titre de champion de France de poursuite par équipes avec son club.

Aujourd'hui, il est le maire de Saint Fuscien mais aussi dirigeant de Promotion Sport Picardie.

Les Jeux de Munich lui rappellent évidemment de bons souvenirs même si, au plan sportif, les résultats n'avaient guère été fameux.

Henri-Paul Fin faisait partie de l'équipe de France qui participait au 100km par équipe de quatre.

Une course qu'il a vite oubliée car elle s'est transformée en vrai cauchemar.

Pourtant, ce jour-là, le mardi 29 août 1972, Henri-Paul Fin était en forme et incontestablement le meilleur des quatre concurrents Guy Sibille, Jean Claude Meunier et Claude Magni.

Les Tricolores furent surtout trahis par l'écroulement de Sibille qui n'était pas dans le rythme et ce dès les premiers kilomètres.

De plus, Meunier fut victime d'une crevaison.

La France était largement battue et terminait 18e à plus de sept minutes des Russes.

Pire, les Français étaient devancés par la formation de .. Cuba. Un comble.

Henri-Paul Fin était déçu et il déclarait après la course:

"C'est dommage car j'étais fort aujourd'hui.

J'étais dans une condition quasi parfaite. Dans les derniers kilomètres je doublais même la longueur des relais."

Juste après cette épreuve par équipes; Henri Paul Fin prenait l'avion pour .. Macon afin de disputer une épreuve sélective pour la sélection dans l'épreuve individuelle des Jeux.

Lors d'une récente assemblée générale de Promotion Sport Picardie, nous avions demandé à Henri-Paul Fin quels souvenirs il gardait de Munich:

"Pour moi, cela reste le plus beau souvenir de ma carrière.

J'avais fait la connaissance de Guy Drut, Nordiste comme moi, le nageur Michel Rousseau et l'haltérophile soviétique Alexeiev qui m'a fait penser à un homme de la préhistoire.

Dès l’instant où se déroule à chaque fois la cérémonie d’ouverture, je ne veux pas la rater et je ressens les mêmes frissons qu’en 1972.

Les gens me parlent souvent en me disant : tu as fait le Tour ?

Oui, j’ai participé à la Grande Boucle mais les Jeux Olympiques c’est quand même au-dessus.

Etre sélectionné et représenter la France, c’est quelque chose de formidable.

Cela m’a marqué. Tout comme la réception que nous avions eue à Matignon et c’était Pierre Messmer qui nous avait reçus.

Avoir 20 ans et être reçu par le Premier Ministre, c’est quelque chose qui ne s’oublie pas.»

Ayant quitté le village olympique la veille du drame, Henri-Paul Fin n'a pas vécu l'attentat qui a eu lieu dans le village olympique avec l'assassinat de représentants israéliens par des Palestiniens.

Par la suite, Henri- Paul Fin est devenu professionnel durant cinq ans et il fut l'équipier du Hollandais Zootemelk et du Belge Van Impe, tous deux vainqueurs du Tour de France.

Maire de Saint Fuscien depuis 2020, Henri Paul Fin suit toujours l'actualité sportive et c'est ainsi qu'il a le bonheur d'avoir dans son village un certain Erwan Konate, double champion du monde du saut en longueur et qui ira peut-être aux Jeux Olympiques de Paris en 2024.

 

Le football en danger et le dopage en sursis


On se souvient que ces Jeux Olympiques de Munich en 1972 vont rester éternellement dans les mémoires surtout en raison du drame qui s'est déroulé dans le village olympique avec le massacre de représentants israéliens.

Pourtant dans les derniers jours du mois d'août et début septembre, les compétitions se déroulent normalement. Il y a on le sait un nouveau président du C I O qui, on s'en souvient a pris une importante décision politique en excluant de ces Jeux les athlètes de la Rhodésie. Une décision éminemment politique et qui peut-être aura un lien avec les attentats sans que nous en soyons certains un demi-siècle plus tard.

En athlétisme, évènement important avec la victoire sur 100m du Soviétique Borzov et le journal l'Equipe signale que depuis 1960, à Rome, la victoire était toujours revenue à un coureur de couleur. Borzov écrit donc une belle histoire.

Mais deux sujets retiennent l'attention dans l'Equipe du samedi 2 septembre: le football et le dopage. Le grand dirigeant brésilien Jean Havelange cumule alors les responsabilités: il est membre du C I O, postulant à la présidence de la FIFA et patron du football brésilien.

Il donne un avis tranchant: il ne veut plus que le football fasse partie du programme olympique.

A cette époque, seuls les joueurs amateurs pouvaient participer aux Jeux et on se souvient par exemple qu'en 1968, l'équipe de France entrainée par l'Amiénois André Grillon et ne comprenant que des amateurs avait battu le Mexique.

Havelange avait constaté que les rencontres étaient de piètre qualité et cela se comprend puisque les meilleurs joueurs du monde n'étaient pas présents.

Idem en cyclisme et en boxe.

"Après ce que j'ai vu et avoir bien réfléchi à la question, je pense que le tournoi olympique doit disparaitre du programme. Je vais travailler dans ce sens".

Jean Havelange était catégorique mais avec le temps, le règlement s'est assoupli puisque les joueurs pros ont pu progressivement participer aux Jeux. Si Havelange avait été suivi, jamais la France, entrainée par Henri Michel, ne serait devenue championne olympique en 1984 tandis que pour 2024, un joueur comme M'Bappé est désireux d'être présent aux Jeux.

Quant au dopage, on était persuadé qu'en 1972, il serait plus ou moins éradiqué.

C'est ainsi qu'un médecin chargé des contrôles anti-dopage avait déclaré "se doper, c'est aller au suicide".

Le mot suicide devait être pris au 2e degré car il s'agissait alors, en cas de dopage, d'une exclusion immédiate des Jeux.

Le 2 septembre, mille contrôles avaient été effectués et un seul athlète avait été pris par la patrouille.

Il s'agissait d'un haltérophile iranien qui avait pris de l'éphédrine.

Pour les experts, il n'était pas possible de passer au travers des contrôles.

Conclusion (éphémère): le dopage était alors en voie de régression.

Cela n'allait pas durer bien longtemps et aujourd'hui, le dopage est toujours présent dans les sphères sportives.

 

Marc Chapon a vécu de près le drame du village olympique


Quand il participe aux Jeux Olympiques de Munich en 1972, au sein de l'équipe de France de hockey sur gazon, Marc Chapon est licencié à l'Amiens SC.

C'est la deuxième fois qu'il dispute les Jeux mais en 1968, il était au club de Douai.

Munich reste pour lui un souvenir qu'il n'a jamais oublié et pour cause.

"Ce drame nous a d'autant plus bouleversés que nous l'avons vécu de très près.

Je me trouvais en effet à 50 mètres du bâtiment des lutteurs israéliens.

Des hommes déguisés en sportifs et portant des sacs de sport avaient pénétré à l'intérieur du village.

A 4 heures du matin, ils ont investi le bâtiment des lutteurs.

Un Israélien a tenté de se défendre mais les palestiniens de Septembre Noir l'ont abattu et ensuite jeté son corps par la fenêtre.

J'ai tout vu et je puis vous dire que c'était impressionnant."

Evidemment, Marc Chapon est resté impuissant car il lui était impossible d'intervenir. Il a donc vécu en direct la mort des athlètes et dirigeants israéliens.

Marc Chapon se souvient du lendemain quand le C I O avait convoqué les athlètes.

Fallait-il ou non continuer les Jeux?

A une forte majorité, les athlètes ont répondu qu'ils voulaient continuer.

Au plan sportif, les Français avaient débuté par une défaite 3-0 face au Pakistan, ensuite battu l'Ouganda 3-1 mais devaient s'incliner face à la Belgique et ensuite la Malaisie.

Marc Chapon dut ensuite satisfaire à un contrôle anti-dopage. Il se déclarait très fatigué car il avait joué trois matches en trois jours.

"C'est trop dur pour moi compte tenu de mon entrainement très limité et franchement, j'ai été inexistant devant les Belges".

Par la suite, Marc Chapon a porté à 72 reprises le maillot de l'équipe de France et il a joué à Amiens durant quinze ans. Il est ensuite devenu président de la Ligue de Picardie et aujourd'hui, il milite dans le golf.

 

Marc Remise faisait honneur au hockey sur gazon amiénois (8)


A ces Jeux de Munich en 1972, le hockey sur gazon d'Amiens était euphorique puisque deux joueurs faisaient partie de l'équipe de France: Marc Chapon et Marc Remise.

Ce dernier était un pur produit du club amiénois. Il avait donné raison à l'Abbé Guisembert qui fut véritablement à l'origine du développement de ce sport sans oublier bien sûr le président Gérard Totet.

Il faut aussi se souvenir qu'en 1972, les hockeyeurs français étaient les seuls qualifiés dans un sport collectif. Une superbe occasion de mettre les projecteurs sur ce sport qui n'a jamais été, hélas, médiatisé.

Le 27 août 1972, Marc Remise faisait son entrée dans ces Jeux.

Malheureusement, contre l'Argentine, la rencontre fut plutôt musclée et Marc Remise se blessait. La France s'imposait dans la douleur 1-0 mais Marc Remise devait quitter le terrain à sept minutes de la fin, victime d'une fracture de la clavicule.

Marc Remise ne tirait jamais la couverture à lui et il privilégiait l'amitié et l'esprit de groupe. Un homme qui a vraiment incarné l'idéal olympique.

 

Roger-Philippe Menu avait battu un record de France


A ces Jeux de Munich, outre Henri-Paul Fin (alors licencié à la Pédale Madeleinoise), l'Amiens SC avait deux sélectionnés: le hockeyeur sur gazon Marc Chapon et le nageur Roger-Philippe Menu qui était venu dans la capitale picarde après avoir été sollicité par Julien Burnay un grand dirigeant de l'époque.

Roger-Philippe Menu était un spécialiste de la brasse.

Au 200m brasse, Menu devait améliorer le record de France en 2mn30s et il faisait honneur à l'équipe de France qui était plutôt modeste. En dépit de son record de France, Roger-Philippe Menu ne parvenait pas à se qualifier pour la finale.

Roger-Philippe Menu qui nous a quittés voici quelques années, était aussi member du 4x100m et à Amiens, il avait tropuvé un emploi demaîter-nageur.

 

La trêve olympique, un vieux rêve qui en 1972 devient un vrai cauchemar


Depuis l'Antiquité, il était de tradition que durant les Jeux Olympiques, soit respectée une trêve olympique.

Soit durant une quinzaine de jours, partout dans le monde, pas de conflits dans le monde et bien sûr pas de guerre.

Dans les Jeux antiques, ce rite était appliqué et de façon rigoureuse.

Malheureusement, ce qui était un rêve s'est transformé en drame et par exemple en 1968, de terribles affrontements s'étaient déroulés opposant la police aux étudiants. On devait déplorer de nombreux morts surtout des jeunes. A cette époque, les médias furent plutôt discrets tant il est vrai que ces évènements avaient lieu à l'extérieur des stades et gymnases de Mexico.

Mais ce n'était rien par rapport à ce qui allait se passer en 1972 à Munich.

Pourtant, tout avait bien commencé et par exemple, la cérémonie d'ouverture le samedi 26 août avait été un réel succès. Même si la Rhodésie avait été exclue et sacrifiée par le CIO directement et qui avait pris une décision très lourde de conséquences. Le CIO était même allé plus loin que le monde politique.

Par la suite, il ne passa aucune édition des Jeux sans que ne revienne à la surface le duo sport et politique.

Avant Munich en 1972, le numéro un soviétique de l'époque M. Kossyguine s'était fendu d'un message au comité olympique dirigé encore par M. Avery Brundage:

"Les Jeux Olympiques de notre temps sont devenus un grand stimulant pour le développement physique, culturel et sportif. L'Etat soviétique poursuit les principes léninistes de paix et de coexistence pacifique".

C'était un vrai message de paix.

Même le Pape Paul VI s'adressait aux athlètes du monde entier en espérant que ces Jeux renforceront la compréhension entre les peuples.

Petit bémol néanmoins du côté américain avec l'appel de la discobole américaine Olga Connolly qui s'était adressée au Président des Etats Unis Richard Nixon en lui demandant de stopper durant les Jeux les bombardements sur le Vietnam entre le 28 aout et le 10 septembre.

A ces Jeux de Munich, le public pouvait approcher l'immense champion américain Jesse Owens qui s'était illustré aux Jeux de Berlin en 1936, juste avant la guerre et ce, devant Hitler lui même.

Présent également le célèbre triple champion olympique de 1952 ( 5 et 10km, marathon) Emil Zatopek dont le courage dépassait largement le cadre sportif. Voir Owens et Zatopek faisait plaisir. Nous étions alors à quelques jours du drape épouvantable qui allait faire de ces Jeux de Munich, des Jeux maudits à tout jamais.

 

Mardi 5 septembre 1972, le drame dans le village olympique


En cet été finissant de 1972, les Jeux Olympiques de Munich viennent d'entamer leur deuxième et dernière semaine.

La natation s'achève avec la razzia de l'Américain Mark Spitz qui remporte à la fois 7 médailles d'or sur 7 courses disputées et autant de records du monde.

La natation française a fait naufrage et le journaliste du Parisien affirme même qu'à Montréal en 1976, ce sera pire.

En athlétisme, le Soviétique Valeri Borzov réussit le doublé 100 et 200m tandis que l'Africain Keino survole le 3000m steeple et que Guy Drut affiche ses ambitions en accédant à la finale du 110m haies. Dans quatre ans, il sera champion olympique.

Nous sommes le mardi 5 septembre 1972 et entre 4 et 5 heures du matin, c'est le drame. Des terroristes palestiniens de Septembre noir parviennent à pénétrer dans le village olympique et ils accèdent directement au pavillon 31, là où se trouve la délégation israélienne.

Tout est prévu.

Ces terroristes palestiniens (c'est le terme employé dans les journaux le lendemain), ont surtout visé les athlètes et dirigeants israéliens.

Certains athlètes ont pu s'échapper mais un entraîneur et un dirigeant ont été tués tandis que les Palestiniens gardent neuf otages.

Vient alors le moment des discussions entre d'une part Bonn, Tel Aviv, Munich, le CIO et le gouvernement égyptien.

Dans un premier temps, Avery Brundage, toujours président du C I O déclare que les Jeux doivent continuer. Mais les compétitions sont quand même suspendues avant de reprendre un peu plus tard après que les athlètes du monde entier aient été consultés.

On imagine l'ambiance qui devait alors régner au sein du village olympique avec des informations plus ou moins erronées.

Dans un article précédent, nous avons indiqué que le hockeyeur amiénois Marc Chapon avait vécu de près les évènements.

L'attente fut longue. Le Français Maurice Herzog souhaitait une réunion d'urgence du CIO mais il ne fut pas suivi car M. Brundage avait pris les choses en main.

Fait rarissime: les athlètes égyptiens décidaient en signe de protestation de se retirer des Jeux qui allaient quand même reprendre.

Toute la presse relatait bien sûr ces faits tragiques. L'Equipe titrait sur 8 colonnes: "L'odieuse agression de Munich compromet la suite des Jeux".

C'est que depuis l'Antiquité, une trêve était toujours respectée au moment des Jeux. Les mots horrible, lâcheté, ignoble agression, indignation revenaient le plus souvent dans les journaux.

Les terroristes palestiniens avaient bafoué l'idéal olympique.

Edouard Seidler dans le journal l'Equipe affirmait "la paix olympique peut être plus forte que la violence".

Le village olympique qui était un lieu de joie et de fraternité est devenu subitement silencieux.

Evènement plutôt sympathique en ces heures dramatiques: la championne olympique du 400m à Mexico Colette Besson annonce à Munich qu'elle aime l'athlète anglais Dave Bedford et qu'elle va même l'épouser.

De leur côté, les athlètes du monde entier manifestent leur courroux auprès CIO à qui il demande d'assouplir sa position vis à vis de l'amateurisme.

Les Jeux devaient reprendre rapidement mais ces évènements avaient laissé des traces au sein même du CIO puisque M. Brundage pourtant sur le départ avait tout décidé seul et sans aucune consultation avec ses collègues du C IO.

Dans le journal Nord Eclair, Gérard Delattre écrit "c'est peut-être aussi l'idéal olympique qui est frappé à mort".

Non, les Jeux sont plus forts que tout et ils reprendront leur marche en avant.

Lionel Herbet