La conférence sur la carrière de Pierre Pardoën

le 25 juin 2025 Maison des Sports à Amiens

Cette conférence animée par Lionel Herbet était consacrée le jeudi 25 juin 2025 à la Maison des Sports à Amiens à Pierre Pardoën et ce, en présence des maires de Picquigny, Belloy sur Somme, des deux filles de Pierre et d'Hubert Louvet et Jacky Crépin deux grands dirigeants régionaux dans le cyclisme:

"Merci à vous toutes et tous réunis dans cette Maison des Sports à Amiens où je vais essayer de vous retracer le parcours d'un sportif né à Amiens et qui a été le premier coureur professionnel de la Somme à participer et surtout à s'illustrer dans le Tour de France qu'il avait du reste terminé. Juste après la guerre je me dois de le préciser

Ce soir, je vais évoquer la carrière de Pierre Pardoën et c'est en réalité une sorte d'hommage rendu à un grand sportif qui a joui à cette époque de l'après guerre, d'une popularité sans faille.

A l'image du boxeur Jacques Bataille qui s'était illustré trois ans auparavant en 1949 quand il avait remporté les fameux Goldens Gloves à Chicago et les championnats d'Europe amateurs à Oslo.

Nous avions rappelé à deux reprises dont une fois ici dans cette salle de la Maison des Sports, la carrière de Jacques Bataille.

Celui-ci a été récemment honoré avec les Ceintures qui portent son nom et qui avait provoqué la venue à Amiens de deux anciens champions du monde: Laurent Boudouani et Julien Lorcy.

Pierre Pardoën n'a pour le moment, aucune reconnaissance officielle, que ce soit à Amiens mais aussi à Belloy sur Somme, le village dans lequel il s'était retiré et avait exercé quelques mandats de maire.

Pierre Pardoën , beaucoup parmi nous, l'ont aussi connu en tant que professionnel dans le monde automobile ou du moins dans celui des réparations de voiture.

Sa carrosserie était implantée au début dans une rue près de la Gare d'Amiens, la rue Wulfran-Warmé et il a effectué une magnifique reconversion puisqu'elle venue relativement tôt pour un sportif professionnel.

Alors qu'il n'avait pas encore 30 ans, Pierre Pardoën avait décidé de stopper sa carrière de coureur cycliste pour bifurquer vers une autre activité et penser à sa reconversion car il était marié et avait des enfants.

Mais avant cette reconversion, parfaitement réussie au demeurant, il nous faut revenir sur la carrière de ce coureur qui a vraiment débuté à ses débuts, en 1949. Ses premières courses ont été disputées sous licence FSGT, une Fédération très influente à cette époque avec un siège rue de Cagny à Amiens. Pour sa première course, il s'imposait à Montdidier et il prenait donc confiance en lui.

Sur son vélo, Pierre Pardoën n'était pas forcément un styliste tel Jacques Anquetil mais un coureur qui se battait avec un courage extraordinaire, ne baissant jamais les bras comme il le disait volontiers.

Nous étions en 1949, l'année de la première victoire dans le Tour de France de Fausto Coppi mais aussi l'année funeste de la mort dans un accident d'avion, du grand champion de boxe Marcel Cerdan.

En 1949, Pierre Pardoën avait alors 18 ans.et tout l'avenir devant lui..

Pierre Pardoën avait eu une jeunesse plutôt heureuse.

Il était né dans le quartier du Petit Saint Jean et il aimait raconter ses souvenirs de jeunesse.

Il avait même un cousin qui jouait au football à l'Amiens Athlétic Club. Lui qui à cette époque n'ailait pas trop le ballon rond.

Ses parents s'étaient achetés un tandem et à l'âge de six ans, ils lui procuraient un vélo.

C'est ainsi qu'il pouvait accompagner papa et maman jusqu'à la mer le plus souvent jusqu'au Crotoy ou le Tréport afin de passer un dimanche à la mer.

Son premier vélo était de grandeur nature et donc trop grand pour Pierre; Mais son papa lui avait mis des cale sur les pédales pour qu'il soit plus grand. tandis que la selle était directement posée sur le cadre. Une allure qui n'était pas très belle et cela explique peut-être que plus tard, Pierre Pardoen ne fut jamais un styliste mais plutôt un bagarreur.

En fin de journée, c'était alors le retour à la maison après plus de 150 km parcourus. Vous imaginez que Pierre n'avait alors que six ans et qu'il parcourait déjà 150km le dimanche.

Pierre ne pouvait pratiquer une autre discipline que le cyclisme.

A sept ans, il remportait dans le Nord sa première course mais il n'était pas encore licencié dans un club.

Le lundi, Pierre reprenait son activité d'ébéniste, le métier auquel il était destiné parce qu'il aimait le bois.

Il allait travailler du côté de Péronne à Mont Saint Quentin plus exactement aux Quinconces là où il avait effectué un stage de deux ans.

Il revenait ensuite route de Rouen à Amiens après la mort de son papa. victime d'un bombardement alors qu'il venait d'être libéré

Car sa jeunesse avait été heureuse et Pierre se sentait bien avec son papa et sa maman qui on le rappelle lui avaient acheté un vélo dès l'âge de six ans.

Hélas la guerre devait donc enlever en 1945 le chef de famille et Pierre se retrouvait avec sa maman.

Justement durant cette période durant laquelle, il vivait avec sa maman Pierre enfourchait son vélo non pas pour courir mais tout simplement aller chercher du ravitaillement. Car il fallait manger durant ces années qui voyaient Amiens et la région occupée par les Allemands.

L'histoire raconte qu'un jour, il avait déniché une dinde pour la Noël mais il fut surpris par un gendarme qui le laissa toutefois repartir chez lui.

Pierre qui aimait le bois décidait de faire son apprentissage d'ébéniste dans l'Est du département aux Ateliers Quinconces près de Péronne au Mont Saint Quentin.

Pierre devait rester deux ans mais en 1945, son papa décédait et fut très malheureux car il aimait beaucoup son papa.

En effet, M.Pardoën était revenu d'Allemagne mais il était victime d'un bombardement anglais.

Pierre se retrouvait donc seul avec sa maman et il reprenait son activité d'ébéniste tout en se promettant de s'acheter le plus tôt un vélo.

Pierre ne voulait pas laisser sa maman seule et il revenait sur Amiens trouvant un emploi rue de Rouen chez M.Tirmon qui laissa sa place à un gestionnaire M. Harrois. Ce dernier était un un homme très sympa et supporter de Pierre car en 1952 non seulement il félicitait Pierre mais il lui envoyait un chèque intéressant.

Ses débuts Pierre devait les effectuer en 1949 à l'Olympique Amiénois en 4e catégorie.

Lors de sa première course Airaines- Amiens, il se cassait la figure mais courageusement et en dépit d'un guidon et d'une fourche déréglés, il parvenait à terminer 8e.

Une semaine plus tard, il remportait sa première course à Montdidier.

Il effectuait ensuite son service militaire au 406 d'Amiens et en 1949, il était démobilisé. Moment où il signait une licence à l'Olympique Amiénois qui était à cette époque, le plus grand club de la Somme.

Après son retour à la vie civile, la vie de Pierre changeait alors.

Nous étions au printemps 1952 et les évènements allaient se précipiter.

Inconnu au début de cette année, il va devenir une véritable célébrité d'Amiens au coeur de l'été.

Beaucoup de témoins ont du reste affirmé qu'en 1952, Pierre Pardoën avait été reçu comme un chef d'Etat. Douze ans plus tard, en 1964, lorsque le Général de Gaulle avait traversé Amiens dans sa voiture, eh bien la foule était moins nombreuse.

C'est qu'en 1952, nous sommes dans cette période de reconstruction après la guerre et les photos de l'époque témoignent des dégâts provoqués par la guerre et surtout la destruction de quasiment toute la ville d'Amiens.

C'est une période qui n'a rien à voir avec celle que nous vivons actuellement. Pas de réseaux sociaux, de télé et de radio en direct et les exploits des sportifs sont relatés le soir lors d'une émission consacrée au Tour de France ou tout simplement la lecture de l'Equipe, le Courrier Picard bien sur et le Miroir des Sports.

Il n'existe pas de conférences de presse comme cela se pratique de nos jours.

Non les sportifs reçoivent les journalistes dans leur chambre à l'hôtel, le plus souvent allongés sur leur lit.

1952 qui sera l'année au cours de laquelle Pierre Pardoën est entré dans la légende du sport samarien, reste encore aujourd'hui comme une des plus belles périodes que le Sport nous ait réservés.

En effet, 1952 c'est l'année des plus beaux Jeux Olympiques de toute l'histoire.

Des JO à Helsinki marqués par une grande fraternité parmi les athlètes de tous les pays mais il est vrai que nous sommes quelques années après la fin de la guerre, dans un monde en reconstruction.

1952 ce sont les Jeux au cours desquels Jean Boiteux va devenir champion olympique du 400m et nous aurons droit à une scène tout à fait extraordinaire puisque le père de Jean Boiteux qui se trouvait dans les tribunes dévale les escaliers et plonge dans la piscine afin de congratuler son fils, premier Français champion olympique de natation.

1952 c'est aussi l'année au cours de laquelle l'Italien Fausto Coppi va remporter son deuxième Tour de France.

Tour de France qui verra la participation, au tout dernier moment du reste de notre Amiénois Pierre Pardoën.

Mais revenons au point de départ de cette carrière relativement brève mais quand même réussie.

Pierre Pardoën ne sera resté coureur professionnel que quelques années seulement et s'il n'a pas remporté de grande course, il reste à tout jamais comme le héros d'un Tour de France 1952 remporté par le campionissimo Fausto Coppi.

Le coureur italien est toujours aujourd'hui dans le coeur des sportifs transalpins et pourtant il est décédé le 1er janvier 1960 à 40 ans.

Vainqueur de deux Tours de France 1949 et 1952, Fausto Coppi qui fut aussi recordman de l'Heure et vainqueur du Tour d'Italie, a eu un adversaire trop fort pour lui: la guerre.

De1939 à 1945, Coppi a été sur d'autres fronts qui n'avaient aucun rapport avec le cyclisme.

Plus tard et justement dans ce Tour de France 1952, Fausto Coppi n'hésitait pas avant le départ d'une étape, à bavarder avec des coureurs anonymes du peloton.

C'est ainsi qu'il aimait bavarder avec Pierre Pardoën et dans les années 50, le grand Coppi venait chasser incognito, dans les marais de Longpré les Corps Saints.

Ce fameux Tour de France 1952 il faut le reconnaître, a complètement changé la vie de Pierre Pardoën.

Car quinze jours avant le départ de la Grande Boucle, Pierre Pardoën n'était pas professionnel et il avait le statut d'indépendant. Une situation inimaginable de nos jours.

Le coureur indépendant était celui qui n'était plus amateur mais pas encore professionnel.

Durant les premiers mois de 1952, Pierre Pardoën terminait son service militaire et il décidait alors de se lancer à fond dans le cyclisme.

Il ..participait en tant qu'indépendant au Tour de l'Oise. Une course dans laquelle il s'exprimait totalement au sein d'une formation régionale qui damait le pion aux professionnels.

Auparavant, il avait participé au Tour de Picardie et la Route de France.

Petit rappel: à cette époque, les courses se multipliaient et elles n'étaient pas annulées au dernier moment pour un nombre trop limite d'engagés ou un manque de moyens financiers.

Au Tour de l'Oise, Pardoën était leader au soir de la première étape mais dans le peloton, cela ne plaisait pas du tout aux professionnels qui voyaient d'un mauvais oeil, l'intrusion de ce coureur amateur complètement inconnu.

Pierre Pardoën prenait finalement la troisième place au général mais l'essentiel était là: il avait frappé dans l'oeil d'un directeur sportif.

En l'occurrence M. Ducazeaux mais il est bon aussi de préciser qu'à cette époque, les organisateurs du Tour de France et principalement M. Jacques Goddet grand patron du journal l'Equipe avaient aussi coché le nom de Pardoën pour qu'il puisse participer à ce tour de France 1952 dont le départ avait lieu à Brest. C'était aussi l'époque des équipes nationales et régionales.

Quatre ans plus tard, en 1956, Raymond Poulidor lui aussi indépendant se distinguera dans un critérium d'après Tour de France et passera professionnel.

C'est seulement la veille du départ du Tour à Brest, que Pierre Pardoën signait sa première licence professionnelle;

Du jamais vu.

Au départ de Brest, outre Fausto Coppi, nous avions le grand rival italien Gino Bartali mais aussi le Belge Rik Van Stenbergeen. La veille du départ du Tour à Brest, Pierre fit connaissance avec ses équipiers et son directeur sportif M.Ducazeaux.

Il regarda de plus près les champions qu'étaient Coppi, Bartali, Magni, Geminiani ,Van Stenbergeen etc. Il était un peu dans la peau d'un jeune supporter qui allait leur demander timidement un autographe.

Le lendemain au moment du départ, les jambes de Pierre tremblaient. Il avait tout simplement le trac mais heureusement, il eut vite l'occasion de se manifester. Il lui fallut toutefois atteindre le cap des 100km car auparavant, Pierre était mort de trouille et a t-il dit, il ressemblait à ce jeune chanteur qui se produit dans une grande scène et qui a le trac. Passé ce cap des 100km, Pierre Pardoën ne fut guère intimidé et il se lançait d'entrée dans la bagarre.

Pierre avait misé sur une petite bosse (nous sommes en Bretagne). Il attaquait après avoir évacué l'émotion qui l'avait étreint jusqu'alors. Cette attaque avait en tout cas fait des ravages et à sa grande surprise, il vit qu'à ses côtés, il y avait peu de coureurs sinon le grand Rik Van Stenbergeen. Pierre se retrouvait ainsi propulsé dans une échappée de quinze puis réduite à quatre coureurs dont les Belges Blomme et Van Stenbergeen. Ces derniers se méfiaient de Pardoën car ils ne le connaissaient pas du tout. A l'arrivée, Pierre Pardoën se contentait de la troisième place mais il n'avait pas à rougir de sa performance.

Si Pierre avait été plus culotté, il aurait surement lâché les deux Belges mais dans l'échappée, il y eut une sorte d'accord: Van Stenbergeen avait promis à Pierre qu'il n'attaquerai pas si Pierre en faisait de même. Perre avait été trop respectueux avec le grand Rik

Il est possible que ce jour là entre Brest et Rennes, Pierre Pardoen était supérieur aux deux Belges.

Le soir à l'hôtel, ce fut évidemment la fête au sein de l'équipe et M. Ducazeaux était même venu voir Pierre Pardoën et lui avait dit "si tu prends le maillot jaune, demain, on fera tout pour le garder quelques jours".
D'un seul coup, la vie de Pierre Pardoen venait de changer et du rôle de gregario, il devenait un leader.

A Amiens, les gens écoutaient la radio ou lisaient le Miroir des Sports qui fut le premier journal à suivre la carrière de Pierre au pont de lui consacrer deux pages complètes après le Tour..Le lendemain, rebelote. Pierre Pardoën avait des fourmis dans les jambes et durant 70 km, il était virtuel maillot jaune de ce Tour de France historique. Mais cette fois, l'Amiénois ne bénéficiait plus du même traitement à commencer par Rik Van Stenbergeen dont le regard faisait parfois peur à Pierre lorsqu'il venait rouler à ses côtés. Par la suite, notre Amiénois qui commençait à passionner et à intéresser les sportifs de notre département se montrait plus discret mais il allait au bout de l'aventure, c'est à dire qu'il terminait son premier Tour de France.

Il terminait à la 55e place.

Pierre a beaucoup souffert surtout dans la montagne et à plusieurs reprises, il eut la crainte d'être éliminé. Il aurait aimé remporter la dernière étape mais on le sait c'est souvent la plus difficile à obtenir.

Dans ce Tour 1952, Pierre a surtout été impressionné par Fausto Coppi qui faisait l'unanimité mais aussi le Hollandais Wim Van Est qui avait la manie de toujours tomber. Aujourd'hui, on n'imagine pas l'incroyable retentissement qu'a eu sur la population et pas forcément sportive ce Tour de Pierre Pardoën.Dans la ville, une collecte a eu lieu et elle a permis à Pierre Pardoën de s'acheter sa première voiture. Il a aussi participé à une trentaine de critériums d'après Tour dont celui d'Amiens. C'était du reste la première fois qu'Amiens était le cadre du premier critérium d'après Tour sur le circuit mythique de la Hotoie. Ainsi les Bobet, Walkowiak, Anquetil, Gaul, Bahamontes, Nencini sont venus moins de 48 heures après l'arrivée à Paris, en arborant leur beau maillot jaune. La vie avait donc basculé en cette année1952 et plus jamais, jusqu'à sa retraite sportive, Pierre Pardoën ne connaitra une telle euphorie. D'autant que durant les trois années qui vont suivre, celles qui furent marquées par les trois victoires de Louison Bobet '(1953-54-55) , Pierre Pardoën fut tout simplement privé du Tour de France. Il était aussi l'équipier de Louison Bobet. Non pas qu'il ait été alors hors de forme mais tout simplement, en raison d'un conflit avec Jacques Goddet qui avait alors un pouvoir immense. Imaginez aujourd'hui Christian Prudhomme interdire à un coureur de prendre le départ de la Grande Boucle! Toujours est-il que Pierre Pardoën n'a pas aidé Louison Bobet qui fut son leader à un certain moment de sa carrière. Au fait, pourquoi Jacques Goddet avait interdit Pierre Pardoen de prendre le départ du Tour de France?

Tout simplement parce que Jaques Goddet voulait imposer un programme, son programme et cela le coureur amiénois ne l'acceptait pas.

Mine de rien, Pierre Pardoën avait du caractère et n'avait pas l'habitude de céder et de se coucher devant n'importe qui, fut-il Jacques Goddet..

Le Tour de France, Pierre Pardoën devra donc attendre 1956 pour le retrouver.

Il figurait évidemment dans une équipe régionale dont le leader était un certain Roger Walkowiak qui, à la surprise générale, allait s'imposer.

Malheureusement après avoir pris la 2e place dans la 2e étape, Pierre Pardoën était éliminé dans la 4e étape et il n'avait pas été repêché par les commissaires.

Aujourd'hui encore, les historiens du cyclisme estiment que ce Tour de 1956 fut un des plus spectaculaires et animés de toute l'histoire de la Grande Boucle.

Pierre Pardoën a mis fin à sa carrière en 1959 et il aura réussi à merveille sa reconversion.

Bien sûr que dans nos nombreux entretiens, avec Pierre Pardoën, nous avons parlé du dopage qui avait fait des ravages dans le Tour de France de 1998 et plus tard avec l'Américain Lance Armstrong.

Il faut aussi savoir qu'à son époque, si le dopage existait, il n'était pas répandu.

Pierre Pardoën nous jura qu'il ne s'était jamais dopé mais à la question: si pour gagner la classique Paris-Roubaix, vous auriez du vous doper, Pierre nous répondait alors en souriant:

"Je pense que j'aurais accepté de me doper si j'avait été certain de gagner Paris-Roubaix".

En 2013, pour le 100 e anniversaire du Tour, Jean Marie Leblanc et Christian Prudhomme avaient invité les coureurs qui avaient terminé la Grande Boucle et Pierre Pardoën qui avait alors 83 ans et avait des soucis de santé, était présent à l'arrivée à Paris.

Pierre Pardoën avait aussi déclaré à la fin du siècle dernier que l'important, c'était la reconversion.

Au début, dans sa carrosserie rue Wulfran Warmé à Amiens, il n'avait qu'un ouvrier.

Plus tard à Rivery, il en eut 35.

A ses débuts, les clients venaient parce qu'il était un ancien coureur cycliste et ensuite, parce qu' il était un patron sérieux.

Il est devenu en effet le responsable d'une carrosserie qui portait son nom.

"Je suis fier et je pense souvent à mon père, nous avait-il déclaré.

S'il était là aujourd'hui, je pense qu'il serait heureux"

Plus tard, Pierre Pardoën s'était retiré définitivement à Belloy sur Somme où après avoir été restaurateur, il avait occupé les fonctions de maire de Belloy sur Somme et ce, durant deux mandats.

Pierre Pardoën avait été comme le boxeur Jacques Bataille un des champions samariens que nous avions interrogé alors que nous étions encore élève à la Cité Scolaire d'Amiens.

Par la suite, Pierre était devenu un ami et durant une année j'ai pratiqué le cyclisme au sein de l'Olympique amiénois avant de partir au service militaire.

Et le vélo sur lequel j'ai disputé une vingtaine d'épreuves avait été acheté à un prix raisonnable à mon idole de l'époque: Pierre Pardoen.

J'espère qu'en quittant cette salle, vous en saurez un peu plus sur Pierre Pardoën et j'espère que la ville d'Amiens et la municipalité de Belloy sur Somme rendront hommage à cet homme qui a marqué le sport samarien dans les années de l'après guerre.

Le 15 septembre 2018, Pierre Pardoën son épouse et la famille furent reçus à la mairie de Picquigny par le maire, José Herbet et André Sehet qui lui avait consacré un livre retraçant sa carrière.

Pour rappel, Pierre Pardoën était né le 8 août 1930 à Amiens.

Il est décédé le 17 juin 2019

Lionel Herbet